Παρασκευή 11 Σεπτεμβρίου 2015

L’Intellectuel …

Chez moi, j’ai un bureau classique en noyer, véritable chef d’œuvre de bois sculpté. Autour de moi les bibliothèques couvrent presque la totalité de quatre murs de la grande chambre laissant un espace ou se trouve la cheminée. Devant la cheminée, il y a mon salon. Les bougies allumées donnent une étrange expression aux traits sévères de mon visage que mon hypocrisie adoucit quand je me trouve devant un public.

C’est là que je me suis assis maintenant et ma pensée se tourne vers le passé.

A l’école j’ai toujours voulu me distinguer et que l’attention de mes camarades soit sur moi, c’est pourquoi je créais toujours de problèmes. J’étais arrogant, j’étais excentrique,  souvent je sentais les grandes différences que j’avais avec eux. A la fin, j’arrivais toujours à être le chef. Certains m’appelaient “moulin à paroles”. Je ne le supportais pas (bien que l’acceptant silencieusement) et parce que toujours je voulais impressionner, j’avais comme but de devenir orateur. 

J’ai voulu tout lire. J’ai lu tous les principaux philosophes (anciens et modernes) qui parlent *de liberté, justice, démocratie et des autres vertus qu’un homme doit posséder et parce que je ne pouvais pas les comprendre, je sous-estimais leurs messages et les interprétais à mon avantage et selon mes préjugés.

Ainsi j’ai conquis le pouvoir. Pourtant mon pouvoir repose sur mon ignorance et mon ignorance se trouve dans tous les domaines (scientifique, théologique, sociologique, politique) à laquelle j’ajoute des conclusions arbitraires et des dogmes. J’ai réussi à devenir le communiquant* mondial. J’ai communique* la peur humaine en espoir pour une société idéale (dans ce monde ou dans l’autre)  sans violence alors que moi je continuais à être violent. Mon public qui était plein d’angoisse (de même que moi) essayait de combler le vide par mes théories qui donneraient fin à leurs insécurités et à leurs peurs.

Au fur et à mesure du temps ma vanité grandissait. J’ai réussi à avoir le respect de la société. Quand je me trouvais dans la rue, dans un amphithéâtre, dans un gala, dans une église, dans une assemblée des hommes des arts et des lettres, dans n’importe quel temple de la pensée, ils me regardaient avec admiration et plusieurs fois je les ai entendus murmurer « C’est l’intellectuel ». Je voulais être partout reconnu et qu’on m’admire. J’ai réussi assez facilement en voyant que les gens sur mon passage baissaient la tête et me saluaient avec respect. Je leur donnais la mesure de leur médiocrité.

En attendant la prochaine conférence, je fais mon autocritique. Des gens vont venir partager ma connaissance.

Mon thème préféré de débat est la vie et son sens. En ignorant que la pensée est un sous ensemble de la vie, je luttais en vain pour donner des réponses.  Je me rendais compte que la façon dont ma pensée analyse était faussée à cause de sa restriction. Elle s’appuie sur des points de vue théologiques, philosophiques et scientifiques en créant des erreurs. Sur ses erreurs se bâtit mon pouvoir car avec ma rhétorique je communique mon avis à votre connaissance. Plus mon ignorance est grande et grande l’impression que je veux créer, plus j’utilise des phrases pompeuses, des significations ambiguës et des concepts abstraits, plus le public ne me comprend pas et me prend pour un sage. Mon effort à conserver cette image devant mon public (et en dehors) m’isole. A l’extérieur je suis Dieu, alors qu’intérieurement je me sens une épave. Je suis comme un malheureux dans des perceptions vieilles et sans valeur que ma rhétorique présente comme nouvelles. Il suffit qu’elles représentent mon intérêt (ce que je note silencieusement).

Mais oui, je suis l’intellectuel.  Il est impossible de discuter avec moi parce que je crois que seulement moi j’ai la connaissance, alors que vous avez l’ignorance. Vous, vous avez peur de vivre seuls et car vous êtes incapables de vous tenir sur vos pieds, je vous offre des béquilles. Moi, je suis ici pour vous. Comme un vampire énergique, j’absorbe votre énergie par l’admiration que vous avez pour moi et je vous offre tranquillité grâce à l’hypnose … de mes discours.

Je me demande vraiment, parfois, que feriez-vous sans moi. Qui vous apprendrait la vie ? La vie que vous avez peur de regarder droit dans les yeux,  de  vivre comme elle est (pas comme l’intérêt individuel exige), de savourer chaque moment, de sentir l’aura de joie. La vraie vie qui se trouve en dehors de la limite de la pensée et le conflit qu’elle crée. L'action de l'énergie propre est intelligence (qui est au-dessus de la loi action-réaction (en créant conflit donc détérioration). Elle est toujours présente et située dans l'unité et l'altruisme plutôt que dans la division et l'égoïsme de la pensée… Les forces d'inertie (ou des habitudes sociales) et les préjugés qui s’opposent au progrès et brisent l'ensemble, ne permettent pas la mise en œuvre de nouvelles idées en promouvant l’atermoiement (aujourd'hui, je suis troublé, mais dans un avenir incertain je deviendrai correct  …).

A la fin de la dernière conférence, l'impatience et la libido atteignaient leur apogée. J’attends maintenant l'admiration et les applaudissements de mon public, qui stimulent toujours ma vanité. La conférence était finie mais elle n’était pas suivie d’applaudissements. Tout le monde se tenait debout et silencieux. A ce moment, je regarde leurs yeux glacés et je comprends qu’ils exigeaient de leur retourner toute l'énergie que je leur avais enlevée depuis des années. D’agresseur je suis devenu victime. L'image que j’essayais de conserver depuis tant d’années était détruite. En faisant cette constatation, je me suis effondré sur le siège. Alors les applaudissements ont commencé.



Traductionparl’original
Dominique Guionis et Martha Isaakidi